Le 8 octobre 1882,

Cher Journal,

La vie de la ferme n'a désormais plus de secret ... Enfin, évidemment, nous en apprenons encore tous les jours, mais les bases sont acquises depuis un bon moment. Coté jardin, il s'agrandi et surtout, mes produits deviennent meilleurs de récoltes en récoltes. Coton, le lama, est devenu un bon ami et faire ses soins devient une distractions sans danger. Sa laine est vraiment parfaite, d'après Phélomène. Mon épouse s'est liée d'amitié avec le coq Taco mais la poule Pomme est une vrai tête de mule. Elle refuse tout geste amical et n'hésite pas à donner un coup de bec à qui veut la toucher. Depuis peu, Phélomène cuisine des friandises ... elle espère l'amadouer avec une friandise amicale. Je suis assez septique sur le sujet mais bon ... c'est le domaine de Phélomène.

Au printemps, je me suis essayé à la pêche. Les finances sont encore bien justes ... et Phélomène en avait assez de cuisiner ses légumes sans accompagnements. D'autant plus que lorsque j'habitais en ville, j'adorais le poisson. Bon, c'est comme tout, je dois faire des progrès pour ramener de plus beaux spécimens mais la pêche est un excellent moyens de penser tranquillement. Parce que ce mois de mai 1882, Phélomène était étrange. Elle était très souvent fatiguée, et la nourriture avait tendance à l'écœurer. Je pensais de plus en plus à prévenir le médecin malgré la fragilité de mon porte-monnaie quand un beau jour elle m'a révélé ce qui la rendait malade. D'après elle, elle avait tout les signes que sa mère, ses tantes et cousines pouvaient avoir lorsqu'elles attendaient un enfant. Lors de l'annonce, j'ai bien cru que j'allais pleurer devant mon épouse .... Et tu sais bien comme il est malvenu de pleurer devant sa femme. Grand dieu, je me suis ressaisit et j'ai lancé mon béret très haut vers le ciel en clamant mon bonheur. J'allais bientôt être exaucé : Mon fils est en route. Phélomène ne se doute pas du bonheur qu'elle me procure ... Je ne sais absolument pas comment la remercier.

Puis les mois ont continué à défiler. La grossesse de ma femme se passe bien ... elle est peut être un peu moins souple qu'avant et souffre davantage pour les tâches ménagères mais le sourire sur son visage me prouve sa joie de devenir bientôt maman. Au début de sa grossesse, elle était assez réticente ... Elle aurait voulu que cela mette plus de temps avant d'arriver. Non pas qu'elle ne se sent pas prête à devenir mère ... Mais bien que je veuille le lui cacher, elle sait que nous n'avons pas d'économie. Je t'avoue que moi aussi je suis terriblement inquiet à ce sujet mais ... je suis certain que l'amour que nous porterons à ce petit bonhomme nous aidera à surmonter toutes les difficultés financières que nous aurons.

Phélomène s'est liée d'amitié avec la jeune Adelaïde Rousseau. Il faut dire que depuis qu'elle est enceinte, elle voit en la jeune femme célibataire un soutien non négligeable. En effet, nous avons appris qu'Adelaïde a déjà aidé des jeunes mamans à mettre au monde leur enfant. Phélomène compte donc sur sa présence le moment venu. Je suis bien content qu'elle est trouvée la personne pour ça ... car je ne suis pas à l'aise avec ce genre de conversation ... concrètement, je ne veux rien savoir sur ça. C'est une affaire de femme ! 

Moi, j'ai été fier d'informer mon ami, Victor Garnier, de ma futur paternité. Quand je le vois si fier de son fils, je ne peux m'empêcher de me projeter avec le mien. Cependant, mon ami m'a mit sur mes gardes. Il a très vite remarqué que j'utilisais souvent les mots " fils" ou "bonhomme" ou encore "garçon" pour désigner l'enfant à naître. Il pense que de répéter trop souvent mon envie d'avoir un garçon devant Phélomène pourrait la mettre dans un état de stress ... Alors vois-tu cher Journal, je ne peux que te le dire à toi ... Je veux un fils. Avoir une fille, pourquoi pas plus tard ... mais là en ce moment, je voudrais pouvoir perpétuer mon nom ... avoir un héritier qui porterait mon nom et qui plus tard pourrait m'aider à la ferme. Si l'enfant à naître est une fille, je pourrais bien être déçu.

Mais pour le moment, je ne préfère pas y penser. Phélomène aime passer son temps libre à toucher son ventre, elle m'invite souvent à le faire également mais .... de voir son ventre se déformer de cette façon ne me dit rien qui vaille .... Je préfère rester à l'écart de tout ça. Avec elle, j'aime, le soir venu, discuter du futur. Phélomène aimerait avoir une belle maison, avec un certain confort et avoir pleins d'enfants joyeux et en bonne santé. Je suis ravi, car c'est ce que je souhaite le plus au monde. Puis il nous vient à parler des prénoms. J'aimerai appeler mon fils comme moi ... Honoré. Phélomène préfèrerait l'appeler Eugène .... mais bien que je ne veuille pas la contrarier, mon fils s'appellera comme moi. C'est non négociable....

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