• Le 16 janvier 1892, 

    Cher Journal, 

    Quelle mauvaise année ai-je passé ... Que je m'en veux, tu ne peux pas savoir. Et je vois bien dans les yeux de Phélomène, jour après jours, qu'elle me reproche notre malheur. Jusqu'ici, nous avons été tellement chanceux que le destin nous a rattrapé. Tout avait déjà si mal commencé ... En début d'année, j'ai été foudroyé alors que je m'occupais de mon jardin. J'ai bien pensé mourir mais Phélomène m'a bien soigné. Ma pauvre femme a dû tout gérer pendant près de trois semaines: Les enfants, la ferme et moi. Heureusement Victor est venu l'aider quand il a pu.

    1891

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    Quand j'ai pu enfin me lever, j'ai été heureux de voir que le jardin n'avait pas souffert pendant ma convalescence, et content de pouvoir voir grandir mes enfants. Que la vie tient à si peu de choses ... Jamais je n'aurai pensé frôler la mort si jeune. Bien déterminé à vivre mes projets, j'ai cette fois-ci fait la sourde oreille concernant l'avis de Phélomène. Je me suis décidé à prendre un travail en ville. Il cherchait depuis quelques temps un instituteur pour l'école des garçons... Ayant reçu une éducation adéquat dans la meilleure école de la ville où j'ai grandit, j'ai pensé que ce travail était fait pour moi. Phélomène avait toujours cette crainte de se retrouver seule avec les enfants ... Je ne l'ai pas écouter ... J'aurais dû le faire ... 

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    Puis le 18 avril, nous avons fêté l'anniversaire de Marie. Déjà six ans qu'elle est née ... Tout comme pour Honorine, j'ai l'impression que sa naissance a eu lieu hier... Et pourtant, ma puinée n'est plus un bébé. La voilà une adorable enfant. Pour son anniversaire, je lui ai acheté une table de dessin ... J'ai remarqué chez Marie un coté rêveur ... Peut être réussira t-elle à faire de joli dessin plus tard. Le 16 mai, ce fut l'anniversaire de Phélomène. Elle a prit également trente ans déjà ... Nous ne sommes plus des gosses ...

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    Puis nous vivions le quotidien .... heureux! Phélomène me disait encore et encore qu'elle n'était pas rassurée ... que parfois elle avait un pressentiment qu'un malheur arriverait. Je ne pouvais croire à un pressentiment ... quel homme digne de se nom croit à un pressentiment de sa femme ? Cher journal, si seulement je pouvais retourner en arrière ... je l'écouterai sans lui poser la moindre question....

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    Nous ne nous en doutions pas, mais nous vivions nos derniers instants d'insouciance et de bonheur intense. Le 15 septembre 1891 est devenue une journée maudite pour moi ... J'étais au travail ... j'étais avec d'autres gamins bien plus grands que mon garçon. Je ne me faisais aucun soucis pour lui, je le pensais en sécurité avec sa mère et Apolline. C'était une matinée comme une autre ... jusqu'à cet instant ... jusqu'à ce que Victor vienne me chercher à 11h22. "Ton gosse a disparu" étaient les mots de mon ami. Je ne comprenais pas, je ne voulais pas comprendre. Nous sommes retournés chez moi et j'ai vu Phélomène effondrée. Je l'ai vu pleuré, paniqué. J'ai vu ses grands yeux s'assombrir en me voyant ... elle me reprochait la disparition de Junior ... j'en suis sur. Nous avons, avec Victor et quelques voisins, cherchaient partout durant des heures et des heures ... Puis Victor et moi pendant des jours et des jours .... jusqu'à ce qu'un jour, un gamin de l'école m'a donné une lettre. D'après lui, un homme lui avait donné sur le chemin de l'école et lui avait dit de me la remettre. Je connaissais cette écriture ... c'était celle de mon père. Sans hésitation, j'ai ouvert et j'ai lu.

    " Fils, 

    Vous avez décidé de ne plus nous revoir ... c'est votre choix. Vous avez fait votre vie avec cette fille sans un sou... c'est encore votre choix. Vous êtes mon seul enfant mais tout comme vous, je vous renie. Dans ma position, je ne peux pas tolérer ne pas avoir d'héritier. Après des années de recherches, je vous ai retrouvé. Je vous prends votre fils... Grâce à son jeune âge, j'espère pouvoir lui inculquer une éducation correctes et respectueuse de mes principes. J'ose croire qu'il oubliera ce début de vie sans intérêt et qu'il appréciera sa nouvelle vie comme vous auriez dû l'apprécier. Ne le recherchez pas, vous ne le trouverez pas! Vivez votre vie sans intérêt auprès de votre femme et de vos autres gosses.

    Mr De Lahaute

    p.s: Votre pauvre mère est décédée de chagrin depuis 5 ans déjà. Elle n'a pas cesser d'espérer que vous reveniez et c'est en pensant à votre trahison qu'elle s'est éteinte, une larme sur la joue."

    Mon gosse, mon petit Honoré a donc était enlevé par mon père. Evidemment, si j'avais eu les moyens, la fortune de parcourir le monde pour le ramener à la maison, je l'aurais fait ... Mais ... ce n'est pas le cas. Je n'ai aucune économie ... Je ne sais même pas où il a pu l'emmener ... J'ai fais lire cette lettre à Phélomène ... Elle l'a serré fort sur sa poitrine. Qu'allons nous devenir sans notre enfant? Son rire, ses pleurs, ses bêtises, sa voix nous manquent. Son odeur, le bruit de ses pas au petit matin venant près de notre lit nous manquent. Nous sommes orphelins de notre enfant ... Nous ne pouvons faire la deuil, nous savons qu'il est quelque part et qu'il nous oubliera... Il nous faudra du temps pour panser nos blessures, c'est sure ...

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    Depuis la disparition du petit, Phélomène est très froide avec moi. Elle qui avait la douceur sur son visage est devenue si dure. Elle s'occupe toujours très bien de la maison et veille sans relâche sur Apolline lorsque les filles et moi-même sommes à l'école. Durant le mois de novembre,  Phélomène m'a annoncé sa grossesse ... Cela faisait au moins déjà deux mois .... Il ne se passe plus rien entre elle et moi ... Je ne sais pas si la venu du bébé apaisera notre douleur et si je peux espérer retrouver un semblant de la vie d'avant ... Mon moral est en berne ... Bizarrement, c'est la première fois où je n'espère pas particulièrement un garçon ... C'est comme si j'étais complètement indifférent à cette grossesse ... à ce bébé. Peut être est-il venu trop vite ...

    Honorine est très proche d'Emile, le fils de Victor. Depuis le malheur, je crois bien que Honorine se confie aux animaux, et plus particulièrement aux oiseaux. Elle s'est liée d'amitié avec eux d'ailleurs... et leur a demandé de nous aider pour le jardinage. Elle fait ce qu'elle peut ... Tout comme la petite Marie. Du haut de ses six ans, elle aide aux tâches ménagères spontanément. Bien plus que sa soeur qui est rarement à la maison à cause des animaux. Mais ces deux là se soutiennent et Marie se confit beaucoup à Honorine.  Apo n'a pas tout de suite compris que nous ne reverrons plus Honoré ... Tout comme nous, elle a été beaucoup chamboulé ...

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    Ce fut une année difficile ... Cher journal ... Je suis brisé.

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    1892 ==> 


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  • Le 16 décembre 1892, 

    Cher Journal, 

    Ce début d'année 1892, la vie n'avait plus rien à voir avec la vie passée. Depuis que nous n'avions plus notre petit garçon, elle avait prit un goût amer. Nous vivions le quotidien sans réel intérêt ... Phélomène prenait difficilement le dessus... Elle avait toujours ce regard mélancolique lorsqu'elle tricotait. Elle essayait de se projeter dans le futur avec le bébé à naître ... mais restait bloquée dans le passé avec Honoré jr. En plus de ça, sa grossesse ne se déroulait pas comme les autres. Elle était bien plus fatiguée que d'habitude et dormait souvent. D'après mes amis, c'était sa baisse de moral qui provoquait ça.

    De mon coté, je surmontais difficilement cette séparation de mon fils. Je n'étais plus le même ... A jamais ma propre famille me dégoûte.  Je suis tellement en colère contre elle que je m'en prends à mes filles. Je suis conscient que mes punitions sont disproportionnées à la bêtise mais je ne peux m'empêcher de le faire. D'autant plus qu'Apolline nous demande régulièrement quand son frère reviendra ...

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    Avec Phélomène, rien n'allait plus. Elle ne me parlait plus ... et le peu de fois où elle m'adressait la parole, c'était pour me faire des reproches. Le seul moment où je retrouvais un peu de ma femme, c'est quand elle voyait ses amies Lucie et Adelaïde. Elle arrivait à sourire quelques fois et leurs conversations lui changeaient les idées, un moment. 

    Mon jardin prenait de la valeur et grâce à mes ventes, j'ai pu nous acheter une vache. Honorine a choisi le prénom: C'est Maronne. Grâce à elle, nous allons pouvoir avoir du lait frais tout les matins.

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    Pour les filles, ce n'est pas simple non plus. Evidemment, Apolline est la plus jeune et elle ne comprends pas aussi bien que ces aînées. Parfois, j'ai l'impression qu'elle croit à une blague ... mais en même temps, elle nous demande très souvent une attention particulière. Bien plus grande qu'avant la disparition du petit.

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    Marie s'est liée d'amitié avec un petit garçon. Il s'appelle Léopold et il doit être âgé de huit ans à peine, ils s'entendent parfaitement bien tout les deux. Léopold fait parti de mes élèves. Il faut bien le reconnaître, il n'est pas bien brillant. Et il ne cherche pas à avoir de bonnes notes. Il est plutôt dissipé en classe, et affronte l'autorité facilement. Marie pourtant si douce et obéissante voit en Léopold un confident. Je ne sais pas si je fais bien, mais je me décide à ne pas m'interposer dans leur amitié ... Avec le choc qu'elle a vécu, elle a surement besoin de voir autre chose ... Je l'ai mise toutefois sur ses gardes: Que je n'entende pas par l'institutrice qu'elle lui a manqué de respect ... sinon je serai forcé de la punir.

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    1892

    Honorine est égale à elle même. Toujours la petite fille amie des animaux. Toujours le bon mot pour apaiser les peines  ... Honorine est un vrai amour d'enfant. Je suis tellement fier d'elle ... Je n'ai rien à dire.

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    Les mois se sont ainsi écoulés. Nous faisions face comme nous le pouvions. Jusqu'au jour du 3 avril 1892. Je jouais dehors avec Apolline. Phélomène avait un grand besoin de se reposer ... Tout deux avions le pressentiment que cette grossesse ne se déroulait pas comme prévu. Adélaïde essayait de se montrer rassurante mais les yeux d'une femme ne trompent pas ... elle était aussi inquiète que nous. Bref, j'était dehors quand ma femme s'est approchée de moi. Elle tenait son ventre ... et grimaçait. Elle m'a dit qu'elle pensait que le moment était arrivé ... Je ne pouvais pas la croire. D'après mes comptes, le bébé devait arriver pour la quinzaine de mai ... C'était un mois et demi trop tôt. Pourtant, très vite, j'ai arrêté de douter ... effectivement, Phélomène avait vécu déjà quatre accouchements ... elle connaissait les signes d'une naissance imminente. Comme j'avait peur .. et si le malheur devait continuer ? Et si l'enfant ne survivait pas ? Beaucoup de questions, et beaucoup d'angoisses partagées...

    Phélomène s'est approchées de moi ... et à ce moment là, j'ai revu son regard d'antan. Elle ne m'avait plus regardé comme ça depuis le 15 septembre 1891 ... Elle m'a attrapé les mains ... et m'a dit " J'ai peur". Je ne savais pas quoi répondre ... la peur me submergée aussi ... Puis en posant sa tête sur mon épaule, elle a ajouté " On doit tourner la page ...". Mais "Tourner la page" ... Est-ce réellement possible ? En réponse, je lui ai donné un baiser et je suis très vite parti chercher Adelaïde ...

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    J'attendais dehors avec les filles le temps que la délivrance se fasse. Comme j'étais fière de ma femme, elle est si courageuse ... De longues heures se sont écoulées ... Avant d'entendre des pleurs. Quel soulagement j'ai pu ressentir à l'entente de ses pleurs. Nous n'aurions pas pu vivre un autre malheur si vite ... le bébé pleurait et c'était bien là le principal. Après quelques minutes, Adelaïde est sortie me voir. Elle m'a annoncé la naissance d'Hélène. Je ne savais pas si j'étais déçu ... Cette grossesse, je n'ai pas pensé au sexe du bébé à venir ... Mon garçon je l'avais eu, et je l'avais perdu... Je regardais mes trois princesses, et j'imaginais la petite dernière. Les filles étaient heureuses d'avoir une soeur supplémentaire. Je m'apprêtais à rejoindre Phélomène quand soudain, elle a criait le nom d'Adelaïde. Adélaïde s'est empressée d'y retourner ... L'inquiétude était de nouveau là. Et si l'enfant allait bien mais que mon épouse ne se remettait pas de la naissance ? J'étais tellement angoissé ... les filles étaient très inquiètent aussi. J'entends encore la voix de Marie me dire " Maman va mourir ? "... et les regards des deux autres attendant la réponse.  Je ne pouvais rien répondre ... je les ai prises dans mes bras ... et nous attendions tout les quatre des nouvelles. Apres quelques minutes, Adelaïde est ressortie ... le sourire aux lèvres. Je dirai presque la larme à l'œil. Elle m'a attrapé l'épaule et a ajouté " Un nouveau bébé est né ... un beau petit garçon". A l'annonce de cette nouvelle, j'ai su qu'en réalité ... au fond de moi, j'avais toujours espéré avoir un autre petit garçon. Je fondis en larmes en m'écroulant à genou... j'étais tellement bouleversé ... D'abord l'inquiétude de la grossesse, la naissance de ma fille ... puis l'inquiétude de la délivrance et enfin la naissance de mon petit garçon. Au début je pleurais de joie ... A la fin, la joie s'est transformée... je pensais tellement à mon petit garçon de trois ans... Adelaïde est restée près de moi ... les filles me regardaient. Evidemment, j'ai honte d'avoir montré mes sentiments de cette façon devant elles ... J'ai essuyé mes larmes ... puis j'ai demandé des nouvelles de Phélomène. Mon épouse était heureuse ... elle allait bien mais était très fatiguée. Adelaïde a gardé les filles pendant que je l'ai rejoins... j'ai été voir mes bébés. Qu'ils sont beaux. Et que Phélomène est belle ... je ne pourrais jamais assez la remercier pour ce bonheur sans nom. 

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    Puis est venu, l'anniversaire d'Apolline le 2 septembre. Elle allait prendre déjà six ans. Je n'arrive pas y croire ... Pour l'évènement, nous avions invité nos amis de toujours. L'occasion de voir que Lucie attendait un quatrième enfant. Serait-ce la fille tant espérée de Victor ? Peut être. Je l'espère pour lui. Le petit Alphonse a quasiment l'âge de jr ... Le voir me serre à chaque fois la gorges. Chaque progrès qu'il fait ... je me demande si Jr les fait aussi... Honorine, à grandir, devient de plus en plus pipelette et a cette capacité a attirer l'attention... Tout les regard se tourne vers elle quand elle parle. Marie est plus timide ... je crois que depuis la naissance des jumeaux, elle a vu en Adelaïde une sorte d'ange gardien ... peut être même une deuxième maman...

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    Depuis la naissance des jumeaux, la vie est plus sereine. Nous vivons notre petite vie de famille avec joie et espoir ... Nous croyons de nouveau au bonheur et en l'avenir. Phélomène se remet petit à petit de la perte de Jr ... Nous nous rapprochons ... nous recommençons à refaire des choses à deux ... Une seul ombre au tableau ... Phélomène ne veut plus entendre le nom de Jr de la bouche de qui que ce soit. Je ne comprends pas ... Nous en avons discuté mais dès que nous abordons le sujet, mon épouse se ferme et la colère revient. Alors nous essayons de ne plus parler du petit ... C'est si difficile  pour moi, et les filles. Même pour Phélomène qui parfois, en tenant le petit George dans les bras se trompe en l'appelant Jr ....

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  • Le 21 décembre 1893, 

    Cher Journal, 

    La vie reprends son cours. Evidemment, je ne dirai pas que je suis aussi heureux qu'avant mais ma famille me comble de joie. Les journées sont bien remplies entre la vie à la ferme et mon emploi d'instituteur pour garçon. Grâce à mon salaire, j'ai pu acheter du papier peint pour embellir nos murs... c'est quelque chose de nouveau et je dois dire que j'aime beaucoup ... Phélomène a fini par accepter mon travail et maintenant elle m'aide à gérer le jardin en plus des animaux et de l'entretien de la maison ... Sans compter les enfants. Les années passent, je ne vois plus la Phélomène d'autrefois mais je vois les efforts qu'elle fait et ... le mariage, c'est aussi ça. Reconnaître les efforts de l'autre et pardonner ses faiblesses ... Je n'ai rien à reprocher à mon épouse ... Elle reste une mère exemplaire pour mes enfants, même si son sourire et sa bonne humeur se font maintenant plus rare. Quelque chose s'est éteint en elle ...

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    Il est vrai qu'il est dure pour nous de remonter la pente, mais les filles ne sont pas en reste. Surtout Honorine ... Je vois bien qu'elle ne va pas si bien ... Du haut de ses dix ans, elle n'est plus aussi enjouée qu'avant. Et c'est elle qui échappe le pus souvent le prénom "Jr" au détour d'une conversation ... Sans vouloir nous faire de peine, elle ne peut s'empêcher de penser à son petit frère pour tout et n'importe quoi ... Elle fait de son mieux pour nous aider mais ne se confie plus à nous ... Malheureusement je n'ai pas le temps pour essayer de parler avec elle et Phélomène ne veut plus entendre parler de "jr" dans la maison ... Je vois bien qu'elle reste proche des animaux de la ferme et je sais qu'elle leur parle ... à eux.

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    Mais surtout, l'amitié qui l'unie avec Emile grandit en même temps que le garçon. Le petit Emile vient de prendre treize ans et ... qu'il a grandit. C'est un beau jeune homme maintenant .... Je ne peux m'empêcher de penser que j'avais son âge lorsque je suis tombé amoureux de Phélomène ... Et si Honorine et Emile ne devenaient pas que des amis en grandissant ? Cette pensée ne me faisait pas peur ... Emile est un bon garçon, je le connais bien ... Je crois bien que j'espère un jour qu'il deviendra mon fils.

    1893

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    Marie est une petite fille modèle ... Rien à dire ... Elle ne fait pas de bruit et se passionne pour le dessin. Elle aime quand je l'aide pour ses devoirs, je crois bien qu'elle a un léger manque de confiance en elle parce qu'elle est plutôt une bonne élève. Et puis, elle est très optimiste. Je l'entends encore dire à Honorine que son frère reviendra quand il sera grand à la maison. Du haut de ses huit ans, elle espère que son frangin ne l'oubliera pas. J'aimerai croire avec elle à ses retrouvailles mais tout comme Honorine je suis septique... Jr n'avais que trois ans lorsqu'il nous a été enlevé ... Comment pourrait-il se souvenir de nous ?

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    La petite Apolline, elle, est bien différente de ses soeurs. Elle est une petite boule d'énergie ... elle ne tient pas en place. Contrairement à Marie, Apolline a besoin d'être surveillée pour ses devoirs. Elle n'aime pas l'école, elle n'aime pas les corvées, et elle n'aime pas le tricot. Ma pauvre Phélomène a essayé de l'y intéresser mais c'est un échec. De plus, elle est une grande farceuse ... et chez les petites filles, les farces ne sont pas trop appréciées. Apolline n'a pas beaucoup d'ami(e)s et d'après elle, c'est pas grave... Elle ne recherche pas la compagnie. Si son caractère peut parfois me faire sourire, je dois bien dire qu'il m'inquiète de plus en plus ... C'est pas dans la norme que de ne pas se faire d'amis ou de ne pas chercher à se faire aimer. 

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    Le jour de l'anniversaire des jumeaux, nous avons invité nos amis. Evidemment, Adelaïde, Lucie, Victor , Emile, Gustave et Alphonse faisait parti des invités. Le dernier né de Lucie et Victor n'a pas pu venir, il est encore si jeune. C'est la mère de Lucie qui le garde. Et oui, ils ont encore eu un fils... Un petit Jacques qui a agrandit la famille. Adelaïde est toujours seule ... Marie a invité son ami Léopold ... ils deviennent proches et contre toute attente, je crois bien que Marie le rends meilleur. Il est moins dissipé en classe et semble plus poli. Quand à Apolline, elle a demandé à une camarade de venir ... La petite bien que patiente envers Apolline, je ne suis pas certain qu'elle reviendra ... Apolline s'est moquée d'elle ou l'a ignoré ...

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    Puis les jumeaux ont grandit. Ils sont très beaux tout les deux... Deux petits blonds avec les yeux de leur maman. Vois-tu, je suis content que Georges ne ressemble pas a Jr, j'avais peur ... mais ma crainte est résolue. Avec les petits, on peut essayer de tourner la page ....

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    Cette année, j'ai une bonne nouvelle à t'écrire. Phélomène et moi avons participé au concours du meilleur légume et de la meilleure tarte. Si Phélomène a terminé troisième avec sa tarte au chocolat, j'ai enfin décroché la première place avec mon énorme citrouille ! Tu ne peux pas savoir comme je suis fier d'avoir enfin gagné ... après plus de dix ans de participation !

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    Comme j'aime voir cette scène ... mon épouse avec nos enfants. Bien qu'un malheur nous est arrivé, je ne peux m'empêcher de me dire que je suis tellement chanceux ... Chanceux d'avoir cette femme avec moi, chanceux d'avoir d'aussi beaux enfants en bonne santé ... <3

    1893

    <== 1892

    1894 ==>


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  • Le 12 décembre 1894,

    Cher Journal, 

    Aujourd'hui, je me suis résolu à prendre ma plume pour t'écrire. Vois-tu, j'aurai tellement aimé ne pas avoir à écrire ces quelques lignes. Je manque d'inspiration ... Nous étions si heureux ...

    1894

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    Jusqu'à ce jour terrible ... Le 23 février ... Trois jours auparavant, nous avions vu nos amis, les Garnier. Nous avions passé un excellent moment ensemble mais nous étions loin de penser que nous en paierons le prix si cher. Cette fameuse nuit du 22 au 23 février, les pleurs d'Hélène nous ont réveillé. La pauvre enfant avait beaucoup de fièvre et hurlait aussi fort que sa voix pouvait le faire ... Peu de temps après, Honorine est arrivée dans notre chambre en nous disant que Marie se sentait très mal. Tout comme sa soeur, elle était brûlante. Je suis parti au village, j'espérais pouvoir y trouver notre docteur ... mais j'appris qu'il était chez les Garnier. Leur fils Gustave venait de mourir d'une fièvre intense et le dernier né Jacques semblait lui aussi malade... Je suis donc allée chez eux pour ramener le docteur chez nous ... Il était hors de question que je subisse le même malheur avec mes filles... Le docteur est venue et a constaté que mes filles avec la même maladie que les fils de nos amis ... C'était la scarlatine...  Toute la nuit, Phélomène, Honorine et moi avons prié pour que les filles surmontent la maladie ... Nous avons espéré ... nous avions pourtant priés si fort le tout Puissant ... Ca n'a pas suffit ... Hélène, mon bébé a donné son dernier soupire en fin de matinée... Marie l'a rejoins en début de soirée ...

    Les semaines et les mois qui ont suivie ont été morose pour tout le monde... Il n'y a rien de plus terrible que la perte de son enfant. Rien à voir avec Jr qui lui est en vie ... Plus jamais je ne reverrai Hélène ... Plus jamais je ne reverrai Marie.

    1894

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    Et pourtant, malgré le malheur et la peine ... la vie continue. Pour nos enfants, nous devons avancer et ne pas nous noyer dans ce chagrin immense. Quand je regarde mes enfants, je n'en vois que la moitié avec nous ... Trois enfants seulement évolue près de nous ... Trois sur six. Georges est très malheureux ... il ne comprends pas que Hélène, son amie de toujours, n'est plus près de lui ... Et Honorine ne se remet pas de ces nouvelles pertes. Malgré les mois qui passent, elle garde en tête les derniers mots de Marie ... ceux qui appelaient " A l'aide" ... Elle avait déjà était très perturbée de l'enlèvement de jr ... Elle est l'aînée et est consciente de tout... Quel malheur. Je t'avoue cher Journal que je suis en colère après Apolline. Ma fille est si ... loin de tout sentiments. Elle ne me semble pas concernée par nos malheurs ... Quand ses soeurs sont décédées, elle a à peine pleuré ... Elle reste égale à elle-même: Dynamique et heureuse. Je ne la comprends pas ... Phélomène s'efforce de lui trouver des excuses sur son comportement mais j'ai mal d'écrire ce que je vais écrire ... J'ai peur qu'Apolline soit méchante...

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    Avec les Garnier, au début, je t'avoue leur en avoir voulu ... Je ne sais pas si c'est Gustave qui a contaminé les filles ... je ne sais plus ... d'autres gosses ont été touché par cette fichue scarlatine ... En plus des nôtres, quatre autres gamins sont mort à deux jours d'intervalles et nombreux autres ont été contaminés. Mais, j'ai eu de la colère en moi et pendant plusieurs semaines, je ne pouvais regarder Victor dans les yeux. Je n'avais aucune envie qu'ils reviennent à la maison ... mais j'ai très vite vu que Phélomène voulait discuter avec Lucie. Elle avait besoin de partager sa tristesse avec quelqu'un qui la comprendrait ... et Lucie vivait la même chose avec le décès de son fils. Alors, j'ai pris sur moi ... Honorine s'est jetée dans les bras d'Emile ... les deux ont éclaté en sanglots... Phélomène a longuement discuter avec Lucie donc. Victor, je l'ai revu un peu plus tard ... dans le bar de la place ... J'y étais avec les filles. Phélomène gardait Georges à la maison. Quand mes yeux se sont posés sur mon ami... Mon amertume a disparu ... J'avais envie de le prendre dans mes bras, j'avais oublié que lui aussi avait perdu son gosse ... que tout les deux nous étions dans la peine ... Ce jour-là .... J'ai eu ce regret. Le regret d'avoir perdu des semaines de soutien avec mon meilleur ami ... Par chance, il ne m'en voulait pas ... Notre amitié semblait intact. Adélaïde a été un soutien aussi pour nous, elle a été très touché par le décès de Marie ... elle devenait si proche d'elle ... Nous avons de bons amis malgré les malheurs qui s'accumulent sur notre famille.

    1894

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    Cette été, Coton, notre Lama est décédé de vieillesse ... J'en ai racheté un autre, un beige. Honorine l'a appelé "Mini". En septembre ... Le 3 ... je ne pu m'empêcher de penser à Jr ... Il a fêté ses six ans ... Il a passé la moitié de sa vie loin de nous ... Dans un monde qui n'est pas le sien. Que lui reste-il de sa vie avec nous ? En a t-il gardait le moindre souvenir ? Mais pour la première fois, je me suis posé la question s'il va bien ... S'il n'a pas rencontré une scarlatine ou une autre maladie mortelle ... si mon fils est encore en vie. J'ai envoyé une lettre à mon père ... à mon ancienne adresse ... Sans réponse. A Phélomène, je ne lui en ai pas parlé. L'année a été assez terrible ... pas la peine den rajouter. D'autant plus que ... 

    1894

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    Elle m'a annoncé une bonne nouvelle ... une lueur d'espoir, de bonheur après les pires malheurs ... Nous attendons notre septième enfant.

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    <== 1893 

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  • Coucou à vous, 

    Je vous met l'arbre généalogique de la famille De Lahaute en 1890. Chaque dizaines d'années, je le mettrai à jour smile 

    En 1890

     


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